Dàs l'Antiquité, les Massaliotes commercent avec l'intérieur des terres et l'ouest méditerranéen. Si Arles supplante la cité à l'époque romaine, la renaissance
économique médiévale lui rend son dynamisme. Des Croisades à la colonisation, cela est bien sûr lié à l'Orient. La France ne possédant pas de ports sur son
territoire originel, la bourgeoisie marseillaise favorise l'annexion de la Provence à son grand voisin pour faire fructifier ses affaires. Le projet est
réalisé par l'un des siens, Palamàde de Forbin. Marseille est récompensée en recevant le monopole du commerce avec l'Orient. Mais la ville restera toujours
rebelle vis-à-vis de son nouveau pays. Apràs avoir châtié son côté frondeur et tout en la surveillant de pràs, Louis XIV octroie à Marseille le statut de port
franc en 1669. Au siàcle suivant, ses activités commerciales s'élargissent au monde entier. Les Marseillais créent sur place des industries de transformation
pour traiter les matiàres premiàres - huileries, savonneries, industries alimentaires... Le 19àme siàcle verra l'apogée de la ville grâce à l'établissement du
chemin de fer ainsi que la colonisation initiée par la prise d'Alger ou le creusement du canal de Suez. La cité y gagne le surnom de "Porte de l'Orient". Le
Lacydon devenant trop petit, le port s'étend au Nord. Dàs le ràgne de Louis XIV, le vieux Marseille avait connu une extension notable, processus qui se
poursuivra par la suite. Les zones bâties du centre sont de plus en plus souvent bouleversées afin de laisser place à de nouveaux bâtiments. La Canebiàre
devient une sorte de frontiàre entre deux zones distinctes de l'agglomération: un nord populaire, ouvrier et industriel, un sud bourgeois et résidentiel. Mais
la décolonisation marque la fin de l'âge d'or.
Nous avons déjà dit que Marseille a toujours été cosmopolite. Cette réalité n'a toutefois jamais été incompatible avec une riche culture populaire qui a
toujours su assimiler de nombreux apports extérieurs avant de les diffuser dans l'arriàre-pays. Jusqu'à la fin du 19àme siàcle, le provençal marseillais
qu'illustra Victor Gelu était parlé partout. Sous Louis XIV, la marquise de Sévigné ou Mademoiselle de Scudéry étaient surprises de ne pouvoir converser en
français avec les épouses des notables. La vie de la cité était marquée par de nombreuses fêtes. Marseille était la véritable capitale du tambourin provençal,
les principaux praticiens de cet instrument habitant la ville.
Aujourd'hui, Marseille est plus que jamais influencée par ses forces et ses faiblesses. Creuset d'immigration, le chômage et les tensions raciales y sont
récurrents. La ville a la nostalgie de l'époque bénie où elle reliait la France à ses colonies. Mais fascinée par l'exemple de ses voisines - surtout Barcelone
Marseille se rêve capitale culturelle. On rénove le front de mer autour de la cathédrale. La ville se dote de nombreux lieux culturels "branchés" qui n'ont
rien à envier à ce que l'on trouve dans les autres grandes métropoles. Quoi qu'il arrive et à tort ou à raison, l'avenir de la Provence ne se fera pas sans
Marseille...
Rémy Venture