AIX

Ancienne capitale de la principauté Provençale, Aix est aussi le centre d'un terroir dominé par la Sainte-Victoire.

La ville est créée en 122 avant J.-C. près d'une source thermale par le consul romain Sextius Calvinus. Son nom privient du latin Aquae Sextius, "les Eaux de Sextius". Les armées romaines venaient de prendre près de là Entremont, oppidum des premiers Provençaux, les Salyens, et qui peut donc être considéré comme l'ancêtre de la future cité comtale. Cette dernière sera la première en Gaule ainsi fondée. Le castrum devient colonie romaine au 1er siècle avant J.-C.

Si Aix n'avait pas conservé de monuments antiques jusqu'à présent, on vient de découvrir les restes bien conservés d'un théâtre qui deviendra l'un des joyaux du patrimoine aixois. Chef-lieu de la Norbonnaise Seconde et métropole ecclésiastique, la cité se pose en concurrente d'Arles. Les invasions barbares réduisent son périmètre urbain, d'autant que la Provence contrale devient une zone peu sûre jusqu'à l'expulsion des Sarrasins en 972 par le Comte Guillaume le Libérateur. La ville peut alors s'étendre à nouveau.

Vers 1189, elle devient lieu de résidence privilégié des princes de la dynastie catalane. Délaissant Arles, leur capitale primitive, ils apprécient sa position centrale. Le blason de la ville est la marque de ce nouveau rang : on y reconnaît les armes des trois dernières dynasties provençales, et surtout les quatre pals de la Maison de Barcelone. C'est alors qu'Aix prend l'importance qu'elle aura jusqu'à la Révolution. Après l'annexion à la France, la cité garde son statut de capitale. Elle est le siège d'une universtié, d'un important Parlement, instance judiciaire créée en 1501, ainsi que de l'administration d'une principauté théoriquement distincte de la France mais de fait annexée. La ville s'étend de façon considérable, et tout particulièrement après 1646 et la fondation du Quartier Mazarin. Ce dernier, créé grâce à l'action de l'achevêque, frère du cardinal Mazarin, se caractérise par ses rues rectilignes, ses hôtels particuliers et son cours à carrosse, devenu le fameux Cours Mirabeau. En opposition aux populeux quartiers anciens, cette zone devient le siège de l'arrogante aristocratie parlementaire provençale. Cette dernière s'accroche à ses privilèges, partageant son temps entre ses somptueux hôtels particuliers et ses bastides, lieux de villégiature campagnards. Aix verra ainsi se dérouler les principaux évènements révolutionnaires entraînant l'effondrement des institutions provençales que le peuple lie injustement aux privilèges.

C'est alors que la Provence est dépecée en départements artificiels.

Aix garde d'abord son rang devenant le chef-lieu primitif des Bouches-du-Rhône. Mais elle perd ce statut au profit de Marseille dès 1791. Gardant l'archevêché et son actif tribunal, l'un des plus importants de France, Aix limite toutefois son déclin. Elle n'en reste pas moins une ville de province bourgeoise guindée et endormie qui boude son enfant le plus célèbre, le grand peintre Paul Cézanne. La postérité le retiendra pourtant vite comme un chantre du pays d'Aix dont on commémorera le centenaire de la mort en 2006.

La ville connaît un renouveau notable après la seconde guerre mondiale. Son statut juridique et intellectuel s'affermit, par exemple avec la création en 1948 du fameux festival lyrique qui investit la cour de l'ancien archevêché avant de s'étendre dans d'autres lieux - théâtre du Jeu de Paume, Domaine du Grand Saint-Jean... Les années 1960 sont le début d'une intense période de développement. A la fois proche de Marseille mais doté de caractères propres, Aix est désormais à quelques heures de Paris grâce à la nouvelle gare TGV près de laquelle s'installent de nombreuses entreprises de pointe.

Quel sera l'avenir de l'ancienne capitale provençale ? Finira-t-elle par être digérée par l'agglomération marseillaise ou parviendra-t-elle à conserver une âme ? Possédant des atouts, on peut penser qu'Aix n'a pas dit son dernier mot...

Rémy Venture